Chères lectrices, chers lecteurs,

Ce numéro 9 vous propose une exploration riche et diversifiée de recherches contemporaines et de réflexions pluridisciplinaires qui soulignent des facettes variées de l’histoire, de la culture, et des enjeux sociaux en Afrique centrale et de l’Ouest. Les contributeurs abordent des thématiques qui, bien qu’ancrées dans des contextes régionaux spécifiques, offrent des perspectives universelles sur les interactions humaines, la préservation culturelle et les dynamiques de modernisation.
Ce numéro débute par une analyse des missions chrétiennes au Gabon qui montre comment l’éducation des premiers catéchistes et lettrés a favorisé l’émergence d’une élite dans la région de l’Ogooué Ivindo, contribuant à la structuration d’une administration après l’indépendance. L’auteur ouvre la voie à une réflexion sur les influences extérieures et la formation d’identités locales où se tissent les fils de la religion et de la culture.
Dans un registre tout aussi engageant, la figure emblématique de Simon Salomon Oyono Aba’a est revisitée. L’engagement pour la justice et la démocratie du «Mandela » gabonais illustre les luttes politiques qui ont marqué l’histoire du Gabon. Cet essai biographique souligne les nuances d’un engagement au service du changement dans un pays en quête d’équilibre entre tradition et modernité.
La complexité des relations interreligieuses est examinée dans le contexte ivoirien. L’étude des interactions entre l’islam et le christianisme révèle les défis d’un dialogue souvent entravé par des forces sociales et politiques. Ces «permanences et ruptures» offrent une perspective enrichissante sur la construction d’un dialogue interreligieux ancré dans le vécu quotidien des communautés.
Une autre contribution explore l’influence de la culture populaire à travers la bande dessinée gabonaise, un média qui reflète les aspirations et les réalités sociales d’un pays en évolution. Loin d’être un simple divertissement, cette forme d’art graphique s’affirme comme un vecteur de diffusion de l’identité gabonaise et un témoignage de ses évolutions sociétales. L’urbanisme se profile comme une question pressante, avec une note sur la nécessité d’intégrer la géomorphologie dans la planification spatiale de Libreville 2. Cette approche géoscientifique souligne l’importance de concevoir des villes durables face aux pressions écologiques et démographiques croissantes.
La question du patrimoine archéologique gabonais, régie par une loi de 1994, met en exergue les insuffisances de cette législation et la nécessité de sa mise à jour pour une meilleure protection de l’héritage culturel. Cet appel à une révision législative est un cri d’alarme en faveur de la préservation du patrimoine.
Le thème de la sauvegarde linguistique prend une place de choix dans ce numéro avec une analyse des langues gabonaises dans l’enseignement. La mise en avant d’une approche communautaire inclusive suggère des méthodes pour préserver les langues locales, menacées par l’omniprésence du français; et les intégrer de manière significative dans le système éducatif. Enfin, l’exploration des motivations de la pratique sportive chez certaines femmes gabonaises montre combien la santé, le bien-être et l’épanouissement personnel sont recherchés malgré les nombreux obstacles sociaux.
Et, pour clore, ce numéro offre un aperçu des 8ème Rencontres des Études Africaines en France qui ont rassemblé des chercheurs autour de débats, ateliers et échanges fructueux sur les sciences humaines en Afrique.
À travers ces pages, nous espérons que vous trouverez des points de réflexion stimulants et des inspirations pour vos propres travaux et intérêts.

Dr Martial Matoumba,
Membre de la coordination scientifique
et du secrétariat de rédaction du BULSAC